Didier Douilly, ancien gendarme à la cybercriminalité et Chief Business Officer chez Webdrone, a répondu aux questions du journal Elle concernant la contrefaçon de maquillage. Voici quelques extraits :

  • Des parfums contrefaits contenant de l’urine animale

Lorsqu’il s’agit d’une contrefaçon, la composition des artefacts n’a évidemment rien à voir avec les vrais, ça coûterait trop cher. Au mieux, ce sont des produits de mauvaise qualité comme des pigments qui ne tiennent pas, car il n’y a pas de base dans les fards à paupières. C’est aussi le cas pour le parfum : l’urine d’animal est fréquemment utilisée car c’est un bon fixateur d’odeur, mais son effet est éphémère. « Ce n’est pas une légende urbaine : lors de ma carrière en gendarmerie, tous les faux parfums qui ont été saisis, puis analysés, contenaient systématiquement de l’urine », affirme Didier Douilly.

  • Des dates de commercialisation proches des vrais produits

Les soins de dermocosmétique sont également touchés. Troublant : les dates de commercialisation des « faux » se rapprochent aussi de celles des produits réels. « On le voit pour les parfums très populaires. Les grandes maisons commencent à communiquer autour du flacon avant même la sortie en magasin. Cela permet de sortir la contrefaçon en même temps, ou moins d’un mois après », explique Didier Douilly. À partir du moment où une marque est présente sur Internet, elle peut être sujette à la contrefaçon.

  • La fin des fautes d’orthographe sur les packagings

Enfin, les faux packagings se rapprochent de plus en plus des vrais. Oubliez les flacons « Diar » et « Shanel » : « Les fautes d’orthographe deviennent plus rares, et l’esthétique, de plus en plus soignée. Avant même d’appliquer le produit, c’est plutôt la qualité du carton ou de l’impression qui peut mettre la puce à l’oreille », continue Didier Douilly. 

  • Internet, terrain de jeu des contrefacteurs

« Les contrefacteurs ont compris que le premier indice pour détecter un fake est son prix. Ils se sont donc adaptés aux soldes permanents sur Internet : il y a quelques années, la copie d’un produit « véritable » qui valait 10 euros était vendue 3 euros. Aujourd’hui, on observe le « faux » vendu à 7 euros avec un affichage d’une remise de 30 % », poursuit Didier Douilly. Ce qui accentue le flou entre le réel et l’illusion.

Ce qui est donc sûr, c’est que l’essentiel de ces ventes frauduleuses se fait en ligne. […] Aujourd’hui, les contrefacteurs suivent nos habitudes de consommation : « Depuis deux ans, on observe un glissement vers les réseaux sociaux. Le volume de vente y est quasiment équivalent à celui des places de marché », affirme Didier Douilly. Des boutiques présentes sur Instagram, TikTok mais aussi sur Glambot, l’outil de vente de cosmétiques de seconde main, ou Facebook. « C’est plus simple pour les contrefacteurs : pas besoin de monter une entreprise ou un site. On peut se lancer facilement au sein de groupes privés comme « les bonnes affaires de telle ou telle région » ou « je vends pas cher ». Ces communautés permettent de toucher jusqu’à 5 millions de clients potentiels en trois mois. Et dans certains cas, on peut faire de la remise en mains propres contre du cash : c’est finalement de la vente à la sauvette version digitale », continue Didier Douilly. « Parfois, on observe la présence de « vrais » produits volés mélangés à des produits de contrefaçon, commandés en gros volume depuis la Chine. En commandant, le client n’a aucun moyen de savoir ce qu’il achète et c’est encore plus juteux pour le vendeur », poursuit l’expert.

  • Une façon de financer le terrorisme

« La contrefaçon finance les réseaux de criminalité organisée. Des organisations spécialisées dans les trafics de stupéfiants peuvent produire de faux produits pour renflouer leurs caisses. La contrefaçon est d’ailleurs considérée comme la seconde source de financement des réseaux terroristes, après la drogue. Les enquêtes sur les réseaux de blanchiment permettent de tracer l’argent, qui sert parfois de soutien pour loger des familles dans les camps de formation au terrorisme ou entretenir des anciens combattants… » affirme Didier Douilly.

Nous remercions particulièrement Valentine Pétry et le journal Elle de nous avoir consulté pour la réalisation de cet article. Vous pouvez le retrouver intégralement en cliquant sur le lien suivant.

About the Author: Stanislas Wibaux

Webdrone services rely on a new crawling and analytical technology thanks to e-drones (virtual drones) to browse the clear, deep and dark web searching cybercriminal activities such as counterfeiting, grey market networks, strategic information leaks or software piracy. With a strong police DNA, WebDrone cyber-investigation maps out the digital environnement of an individual or a company and identifies their place in the real world.